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La Ouija : mais qui fait bouger la flèche ?

  • M.E.L.M.
  • 11 janv. 2016
  • 5 min de lecture

"Esprit, es-tu là ? Puis restez polis, respectez l'esprit et soyez attentifs, il se pourrait que ce soit un fantassin se faisant passer pour quelqu'un d'autre. N'oubliez surtout pas de dire au revoir, afin de fermer le portail liant les deux mondes."

La planche de Ouija a été créée au XIXème siècle, afin de faciliter les séances de spiritisme. En effet, le médium spécialiste devait à chaque fois dessiner sur une feuille les différents messages, lettres et chiffres afin de permettre à l'esprit de répondre.

Cette planche de Ouija est une base pour effectuer ces séances spirituelles, au même titre que les tables tournantes ou le pendule. Ainsi, il serait possible à n'importe quelle entité de communiquer avec les pratiquants notamment des personnes décédées.

Le fonctionnement de la planche est en lui-même très simple : il faut à plusieurs, se mettre autour d'elle et poser deux doigts sur un morceau de bois appelé flèche. Puis, il s'agit d'établir le contact avec l'esprit choisi, de lui poser des questions et d'attendre qu'il réponde : il mettra en mouvement la flèche et la dirigera vers les inscriptions pour former des mots.

Le déroulement de la séance de spiritisme est très spécifique et selon les médiums, doit être respecté à la lettre afin de ne pas se mettre en danger ou d'inviter des entités maléfiques dans son domicile. Tout d'abord, il faut s'entourer de quelqu'un de qualifié afin de mener à bien ce processus. Il est préférable de pratiquer la nuit pour plus de calme ainsi que de créer une ambiance sereine et de recueillement, à l'aide d'une lumière tamisée, d'encens et de bougies. Il est important que les pratiquants soient dans de bonnes conditions spirituelles.

Le processus d'appel débute : il faut demander la permission à l'entité supérieure de rentrer en contact avec la personne décédée, dont on aura au préalable disposé des photographies. Chaque personne présente va ainsi poser un doigt ou sa main sur la flèche, sans jamais interrompre le contact avec ce morceau de bois. Le lien avec l'esprit étant créé, il peut désormais être possible de le questionner avec la fameuse interrogation "Esprit, es-tu là ?".

Si tel était le cas, c'est-à-dire qu'un esprit pourrait en effet prendre contact avec les pratiquants, la flèche se mettrait à se déplacer sur la planche de Ouija dans toutes les directions afin de se familiariser avec l'objet. Il serait à ce moment là possible de parler avec l'esprit présent en privilégiant des questions menant à des réponses concises, puisque la réponse sera lettre par lettre. Les médiums mettent en garde les pratiquants quant à l'identité de l'esprit avec lequel ils communiquent : selon eux, certains esprits taquins pourraient se faire passer pour la personne décédée, nécessitant de poser des questions piège afin de s'en assurer.

Une fois que les pratiquants souhaitent terminer cette séance d'échange, ils devraient remercier l'esprit et lui demander de "remonter dans la lumière et la paix", puis la flèche se déplacerait vers le message "Au revoir" : l'esprit est parti.

Malgré beaucoup de vidéos de séances de spiritisme, les opinions restent très controversées : les pratiquants sont toujours soupçonnés d'avoir déplacé la flèche eux même. Cette hypothèse ne peut être réellement prouvée ou réfutée puisque seules les personnes ayant elles-même vécu cette expérience peuvent en témoigner. De plus, le fait qu'il faille être au minimum deux laisse toujours un soupçon quant à l'honnêteté de la personne tenant la flèche avec nous.

Le grand nombre de vidéos trafiquées ainsi que de faux témoignages tirés à l'extrême démystifient davantage cet outil spirituel, tout comme le grand nombre de films d'horreurs réalisés sur le sujet. Ainsi il est important de prendre en compte le scepticisme de la population face à ce phénomène. Certains scientifiques se sont interressés à une possible explication rationnelle du sujet : comment la flèche pourrait-elle bouger seule et en plus répondre à questions correctement ?

Les scientiques étudiant ce phénomène ne remettent en aucun cas en question la réalité de ce dernier ni l'honnêté des pratiquants, revendiquant leur totale immobilité et le fait qu'ils n'agissent en aucun cas sur les mouvements de la flèche. Il est davantage souligné la probable existence d'influences non conscientes des idées sur les gestes effectués par un individu. Ainsi, l'explication la plus probable résulte en une suite de réflexes et de connections qui font qu'un individu bouge la flèche de lui-même, absolument sans s'en rendre compte : c'est le réflexe idéomoteur.

Phénomène reconnu par la médecine depuis 1852, il est étudié par William Carpenter, un des premiers scientifiques à s'y intéresser. Il l'identifie comme un réflexe initiant des "mouvements musculaires pouvant se produire indépendamment de la conscience et de la volonté". Il est le troisième type de geste instinctif non conscient (caractérisé par une dissociation du mental et du corps) avec les gestes excitomoteurs (comme respirer, avaler) et les sensorimoteurs (les réflexes moteurs). Ainsi cet automatisme n'est pas reconnu par l'individu lui-même, puisqu'il n'en est pas conscient.

L'induction de ce réflexe est dû à des suggestions extérieures en mesure d'influencer le comportement moteur d'un individu : l'action en train de se dérouler, les gestes d'autrui, l'attente de la réalisation d'un évènement, ou tout autre facteur l'entourant. Il peut se dérouler de deux façons : de façon positive, les gestes peuvent trahir les pensées (c'est le cas pour la Ouija) ou bien de façon négative où les idées gênent la gestuelle (comme lorsque l'on se concentre pour marcher et que l'on trébuche).

Pour qu'une idée aboutisse à sa réalisation (mouvement d'un muscle), il est nécessaire qu'elle passe par différents modules d'éxécution. C'est dans le cervelet, partie du cerveau située à l'arrière du tronc cérébral, que le réflexe idéomoteur prend origine. C'est une zone nécessaire aux fonctions motrices et permettant notamment la coordinnation des mouvements ainsi que la gestion de l'équilibre. Ainsi, lors du processus de réflexe idéomoteur, deux modules du cerveau normalement indépendants et agissant sur le mouvement se mettent en contact et supportent la dissociation avec le module responsable de la prise de conscience et de la volonté.

L'idée enclenche donc le mouvement tandis que le sujet n'en est pas conscient.

De plus, il suffirait qu'un indivu donne une légère poussée inconsciemment à la flèche qui par la suite pourrait influencer les autres participants, suivant le mouvement initié afin d'afficher un message, sans s'en rendre compte.

Une expérience concluante a été réalisée pour la chaîne National Geographic. Un groupe de personnes accompagnées d'un médium réalisent une séance de spiritisme à l'aide d'une planche de Ouija. Dans un premier temps, ils arrivent à obtenir des réponses concrètes, tout en jurant qu'ils ne font pas bouger la flèche. Puis, le médium leur impose de se bander les yeux. De suite, des réponses à des questions paraissant si facile à obtenir précédemment, sont désormais insensées, comme si l'esprit ne savait plus répondre :

Cela démontre efficacement le principe du réflexe idéomoteur : une fois qu'il n'est plus possible pour le groupe d'individus de se focaliser sur le point à atteindre, et donc de pouvoir enclencher ce réflexe, la séance perd tout son sens.

Cette explication reconnue par la médecine scientifique ne doit pas non plus être utilisé à tort comme seule explication de la Ouija, condamnant ainsi toutes les croyances. Il s'agit seulement d'une hypothèse permettant d'expliquer ce phénomène. Bien évidemment, le mystère reste entier puisqu'il est impossible de prouver aux fervents croyants grâce à la science, que lors d'une séance de Ouija, les esprits n'ont jamais intervenu et n'interviennent pas de nos jours. Il faudrait ainsi obtenir des preuves pouvant justifier que des esprits sont réellement présents afin de reconnaitre le spiritisme comme réalité. Cependant, il n'est pas possible actuellement de le faire.

On ne peut donc pas trancher sur la question, mais seulement se positionner en se basant sur des vidéos dont on ne saura jamais l'honnêteté, des témoignages jamais vérifiés et des croyances.


 
 
 

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