Chandelles humaines : l'Homme tout feu tout flamme
- M.E.L.M.
- 15 janv. 2016
- 7 min de lecture

"Le sol était parsemé de grosses tâches humides et gluantes tandis qu'un liquide gras jaunâtre écoeurant coulait le long des fenêtres emplissant la pièce d'une odeur répugnante. Tout était littéralement couvert de suie cependant le lit n'avait pas été brûlé et les draps, dépareillés indiquaient que la Comtesse Bandi avait eu le temps de se lever. Elle gisait à un mètre du lit environ, tout ce qui restait d'elle était un petit tas de cendres comme si elle venait de se faire incinérer. Elle était en position assise, l'avant du corps couché sur ses jambes qui elles sont restées intactes comme la moitié de son crâne. Un feu mystérieux semble s'être allumé spontanément dans la poitrine de la Comtesse." Description de la Combustion Humaine Spontanée de la Comtesse Cornelia Bandi.
Pour réduire un corps en cendres, il faut le faire brûler 90 min à une température avoisinant les 1000°C. Mais comment un feu d'une telle ampleur peut-il laisser intact l'environnement, voir épargner certaines parties du corps en flammes ? Comment un corps peut-il prendre feu et se consumer à l'insu des personnes environnantes ?
Ces combustions Humaines Spontanées sont rescencées par centaines au fil des siècles, dont environ une quarantaine au cours du XXème siècle.
Elles étaient considérées comme les "feux diaboliques", châtiments veillant à punir les alcooliques et pêcheurs. C'est en 1731, lorsque la Comtesse Cornelia Bandi est victime de C.H.S. que l'on commence à s'intéresser à l'origine du fléau : en effet, un noble ne pouvait être touché par ces feux.
S'ensuit alors une division entre les croyants se basant sur des théories "abracadabrantes" et les non-croyants qui étaient dans un déni total.
Rejet du crime :
L'hypothèse de crimes méticuleux a été envisagée mais a été de suite réfutée. En effet, il semble impossible que dès le XVIIIème siècle, certaines personnes possèdent des connaissances scientifiques si poussées : faire brûler un corps en stoppant l'incendie aux alentours. De plus, ces C.H.S. produisent des effets étonnants sur le corps humain. Lors d'une combustion simple, la cage thoracique, les os longs et le crâne se fragmentent avant de se désagréger. Pour les C.H.S., le crâne est souvent retrouvé entier mais rétréci. Aujourd'hui encore, la méthode pour créer une telle combustion n'est pas maîtrisée, il parait donc peu probable qu'elle le fut il y a 300 ans.
L'alcool :
Les mythes anciens parlaient de feux châtiant notamment les alcooliques. Cette théorie a été défendue très longtemps. En effet, les personnes alcooliques auraient une quantité suffisante d'alcool en eux pour s'enflammer et en étant à proximité d'une source de chaleur, ils pourraient alors prendre feu à la façon d'un bidon d'essence et d'un briquet.
Le premier ouvrage écrit sur le sujet, raconte la C.H.S. d'un homme à Milan, Polonius Vorsistus qui prit subitement feu dans un bar (écrit par Thomas Bartholin, 1641).
Ainsi, de nombreux médecins ont expliqué sans réel fondement les C.H.S. par un éthylisme notoire de chaque victime. L'alcool ingéré servirait de combustible.
Seulement, cette théorie n'est pas plausible. On compte de nombreux cas où la victime n'était pas alcoolisée, notamment la C.H.S. de Peter Seaton à Londres, un bébé de 11 mois qui ne pouvait être en état d'ébriété.
De plus, scientifiquement parlant, cette hypothèse est invraisemblable. Pour qu'un liquide s'enflamme, il doit avoir une concentration en alcool d'au moins 50%. La limite d'alcool toléré pour un humain est d'environ 4g par litre de sang. Au delà, c'est le coma ou la mort éthylique. Ces 4g/L sont largement inférieurs aux 50% nécessaires. L'alcool ne peut être à l'origine des C.H.S..
Présence de gaz inflammables dans le corps :
Toujours en lien avec cette hypothèse, des médecins ont pensé à l'existence de gaz inflammables dans le ventre des ivrognes. Cette thèse est invalidée par les expériences que Liebig a réalisées en essayant de faire prendre feu à un rat rempli d'éthanol, sans pour autant y parvenir.
Cependant, des gastroentérologues ont déclaré récemment la présence de gaz intestinaux susceptibles d'exploser.
En effet, dans le colon se trouve un mélange hydrogène et méthane produit par des bactéries intestinales. Ce mélange gazeux peut devenir explosif s'il contient 5% d'oxygène. Cependant, la quantité normale d'oxygène est comprise entre 0,1% et 2,1%. Il s'agit donc de cas très rares voir improbables.
La cétose :
Une autre théorie très récente et plus élaborée est celle de la cétose. Cette pathologie trouve son origine dans des molécules défectueuses : les triglycérides. Ces dernières sont des lipides dans le sang, qui lorsqu'elles sont endommagées produiraient de l'acétone (gaz plus inflammable que l'éthanol).
Brian Ford, un scientifique a réalisé une expérience concluante sur un porc imprégné d'acétone.
Cette théorie pourrait être plausible à 6 exceptions près :
- la quantité d'acétone du porc est largement supérieure aux 0,2 mmol/L de cet alcool dans le sang humain.
- l'environnement est épargné alors que ce type de combustion avoisine les 1000°C.
- les os sont en cendres lors d'une C.H.S., contrairement à l'expérience du porc.
- cette hypothèse n'explique pas la réduction de la taille du crâne.
- pourquoi la C.H.S. ne toucherait que quelques personnes alors que des milliers sont atteints de cétose ?
- d'où proviendrait l'étincelle ? les gaz fermentés ne sont pas forcément inflammables.
L'influence du champ magnétique terrestre :
L'effet qu'a le champ magnétique terrestre sur notre corps et les mécanismes biochimiques engendrés sont inconnus.
Cependant, Livingston Gearhart envisage en 1975 que cette hypothèse pourrait expliquer les C.H.S.
Il se fait transmettre les variations du champ magnétique qui oscillent de 0 gauss (calme magnétique) à 2 gauss (tempête magnétique) dans les lieux où se sont déroulés des C.H.S..
Le scientifique note 6 coïncidences :
- 5 août 1996 : Elisabeth Clark sur une zone de 2 gauss.
- 19 novembre 1943 : Madge Knight 1,9 gauss.
- 14 décembre 1959 : Billy Peterson 2 gauss.
- 30 octobre 1963 : Olga Worth 1,9 gauss.
- 5 décembre 1966 : John Irving Bentley 1,1 gauss.
- Grace Walker : 7 avril 1969 1,0 gauss.

Cette action magnétique est supposée être comparable à un coup de foudre expliquant qu'il soit exceptionnel. Ce phénomène ne doit donc pas être considéré comme un accident paranormal mais plutôt comme un accident non expliqué.
Les importantes périodes de soleil pourraient aussi générer des tempêtes magnétiques, augmentant ainsi le champ magnétique du lieu de résidence : il ne manquerait qu'une simple étincelle pour déclencher la C.H.S..
Seulement, les connaissances sur ce phénomène sont trop fragmentaires pour avancer la théorie des hautes températures que le champ magnétique peut engendrer (sur des particules à notre insu).
Ci-contre des graphiques représentant l'intensité du champ magnétique suivant les jours, correspondant à la C.H.S. de six personnes.
L'effet chandelle :
L'hypothèse de l'effet chandelle est celle qui semblerait être à l'origine de la majorité des C.H.S., et devrait à ce titre être privilégiée. Cette solution a été mise en avant gräce à de nombreuses expériences copiant les caractéristiques de combustion.
En 1965, Gee, un scientifique utilise un tube à essai de 20 cm de long et l'entoure de graisses humaines. Il recouvre le tout par une couche de peau puis par le tissu d'un vêtement. Il enflamme une des extrémités du tube à essai : en une minute, le tout produit une petite flamme et très peu de fumée. Une heure après, le cylindre s'est consumé.
Gee va encore plus loin : il recouvre un gigot d'un linge. A la fin de la combustion, seul un tas de cendres restait et l'os était profondément calciné. Cependant, la partie non-recouverte par le linge était presque intacte.
L'expérience a été réitérée il y a quelques années dans le cadre d'une émission télévisée présentée par Bruce Dickinson pour la chaine Planete. Un porc, animal se rapprochant énormément de l'Homme de par sa masse graisseuse, ses muscles et sa corpulence, est couché sur un lit puis recouvert d'une robe de chambre et de draps à la manière d'un humain. Du white spirit est rajouté afin de donner un peu d'élan au feu pour être sûr qu'il prenne, puis à l'aide d'un briquet, la combustion est lancée. Elle dure environ 2h durant lesquelles le porc se consume, avant de devoir être stoppé à cause d'un incident technique. Cependant, les résultats sont des plus concluants et coïncident avec ceux obtenus après une C.H.S.. L'expérience a été filmée :
De Haan, un scientifique, a de même réalisé cette expérience et les résultats obtenus après 7h de combustion étaient concluants, les os ayant même été consumés. Il dit : "Le dommage causé au porc est exactement le même que celui attribué à la combustion humaine spontanée ".
Ainsi, il s'agit de la solution la plus probable. Une source calorifique extérieure est nécessaire à l'embrasement du corps (il s'agit de l'étincelle). Les textiles autour du corps agissent comme la mèche d'une bougie, expliquant que les parties non recouvertes par un vêtement ou une couverture sont souvent laissées intactes. Enfin, la graisse a la même fonction que la cire d'une bougie : entretenir le feu. C'est la deuxième raison expliquant que les extrémités, étant minoritairement constituées de graisses sont souvent épargnées.
Cette combustion très longue produit de petites flammes et nécessite une quantité considérable de graisse.

Elle se produit davantage lorsque la victime est dans un état d'incapacité de réaction (par exemple un coma, un arrêt cardiaque, un état d'ébriété) mais peut se dérouler alors que la victime est consciente. Lors de sa C.H.S., M.Bailey, à l'agonie, avait mordu de toutes ses forces la rampe de l'escalier. Les pompiers ont dû se servir d'une barre en fer pour lui écarter la mâchoire.
Ci-contre, une photographie des restes de M. Bailey retrouvés après la combustion.
Actuellement, il ne s'agit plus réellement d'un mystère, puisqu'après une multitude d'expériences et de tentatives afin de prouver différentes hypothèses, seuls les résultats de l'effet chandelle s'avèrent concluants. De plus, la rareté de ces phénomènes résulterait donc des conditions particulières à avoir afin d'obtenir ce genre de combustion. Ainsi, ces combustions à première vue étranges et spectaculaires ne sont désormais que de simples réactions exothermiques spécifiques.
Cependant, certaines exceptions pourraient être le résultat d'autres hypothèses citées précédemment qu'il ne faudrait condamner totalement.
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